Les Trois Véhicules ( 2 )
Le bouddhisme mahāyāna, terme sanskrit signifiant « Grand Véhicule
», est postérieur au bouddhisme hīnayāna (voir aussi Bouddhisme
theravāda, « doctrine des Anciens »). Il consiste en une forme de
bouddhisme développée aux alentours du Ier ou du IIe siècle ap. J.-C. à
partir de la doctrine des Anciens, jugée trop austère. Ce bouddhisme ne
se limite pas aux seuls écrits du Bouddha historique mais s'appuie
aussi sur des textes postérieurs, des exégèses et les écrits d'autres «
maîtres ».
L'absence de nature propre (autrefois limitée à la personnalité)
s'étend dans le Mahāyāna à tous les phénomènes. Nāgārjuna ira jusqu'à
affirmer que le saṃsāra et le nirvāna sont comme « les deux côtés d'une
assiette (ou d'une pièce) ».
Fortemenent inspirés de l'hindouisme, les préceptes du mahâyâna
réintroduisent des idées éliminées par le Bouddha, le salut par la
dévotion, le ritualisme ou la présence de divinités (que la mahāyāna a
parfois absorbées par syncrétisme à partir d'autres religions, comme le
taoïsme ou le shintoïsme). À la rigueur et la discipline personnelle du
« Petit Véhicule » (telle est l'expression péjorative des tenants du
mahāyāna), le « Grand Véhicule » oppose la compassion et l'intercession
par les bodhisattva, dont la sagesse personnelle est utilisée pour
venir en aide à autrui. Les laïcs peuvent accéder au nirvāna, à
condition qu'ils pratiquent en développant avec foi l'amour et la
compassion envers autrui, et effectuent quotidiennement les exercices
de yoga enseignés par leur guides spirituels.
Alors que dans la doctrine des anciens le but ultime est de devenir
soi-même (et pour tous les êtres) un arhant, dans le mahâyâna l'état de
bodhisattva prime. On pourrait recourir à la métaphore du puits : les
êtres sont au fond du puits du samsara, un arahant (du Theravada) sort
d'abord et va chercher une corde pour les autres, alors qu'un
"bodhisattva" fait la courte échelle aux autres sans essayer de sortir
lui-même. La "compassion" est poussé à son maximum sans égard pour la
sagesse. Le Bouddha, de personnage historique, devient dans la doctrine
des trois corps l'émanation d'un bouddha cosmique comme peut l'être
Vairocana, une divinité panthéiste et syncrétique englobant en son sein
les les anciennes divinités. Ces déités représentent des qualités et
des énergies vers lesquelles tend le pratiquant, le but étant de
développer les causes qui vont permettre d'élargir sa conscience et
d'établir l'être dans des actes libérateurs de l'attachement au concept
du moi.
Le grand véhicule est surtout présent en Inde du nord, en Chine (sous
la forme 禪 chán ou Jingtu), en Corée (le « Son », dont notamment
l'école « Chogye »), au Japon (le zen) et dans le sud-est asiatique. Il
a donné naissance, au Tibet, à une nouvelle forme de bouddhisme, le
lamaïsme, qui est une forme du Vajrayâna (en sanskrit « véhicule du
diamant »), empreinte d'hindouisme, de chamanisme et d'une magie
propres aux peuples tibétains.
Longtemps cantonnés dans des espaces géographiques différents, le
mahayana et l'école des anciens sont parfois à nouveau en
confrontation. Pour le théravada, la primauté historique est un gage
d'orthodoxie envers l'enseignement du bouddha, les changements du
mahayana étant perçu comme une dénaturation du message originel. Pour
les partisans du mahayana,le qualificatif hinayana désigne dans leurs
enseignements une spiritualité sèche ou une recherche tourné vers sa
seule réalisation personnelle, ce qui selon eux va à l'encontre du but
recherché. Au dela des clivages, cette rencontre sera probablement
positive pour la compréhension et l'évolution du bouddhisme.