Les Trois Véhicules
Le bouddhisme theravâda, en pāli « doctrine des Anciens », sanskrit
sthaviravāda désigne, par opposition au mahâyâna, la doctrine
originelle du bouddhisme. Celle-ci ne s'appuie que sur les textes
prononcés du vivant du Bouddha (mais compilés souvent bien plus tard),
un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille, ou Tipiṭaka.
Le theravâda se fonde sur le premier concile ayant eu lieu après la
mort de Gautama Bouddha. Ce concile réunit 500 arahants, dont
Mahakasyapa, qui adoptèrent une position d'orthodoxie.
Pendant le règne d'Ashoka, le troisièle concile a lieu et Moggaliputa
Tissa rédige le Kathavatthu afin de réfuter les positions hérétiques.
L'Abhidhamma est également compilé : ainsi nait le Tipitaka, le canon
du theravada.
L'empereur asoka contribua grandement à la diffusion du theravâda.
La doctrine du theravâda explique comment accéder soi-même à la
délivrance en devenant un arahant (personne délivrée parce qu'elle a
suivi les préceptes du Bouddha sans en avoir une compréhension
illimitée et sans être capable de les enseigner), un bodhisattva
(personne qui cherche absolument à devenir un bouddha pour enseigner en
pratiquant les vertus dites pāramita) ou un sambuddha (« bouddha
parfait », personne qui, possèdant une compréhension parfaite des
enseignements du Bouddha, accède à l'éveil et peut enseigner).
Elle est fortement anti-théiste et rejette l'idée d'un salut obtenu par
la seule dévotion et le culte des reliques. En effet d'après le canon
pāli, le Bouddha aurait dit : « On est son propre refuge, qui d'autre
pourrait être le refuge » (Dhammapada, XII, 4). Cela signifie qu'on ne
peut attendre de personne l'obtention de l'illumination, il faut
chercher en soi-même la vérité et pour atteindre ce but suivre le noble
sentier octuple.
Pour la doctrine des anciens, le seul moyen d'accéder au salut est
d'adopter le mode de vie monastique. Elle s'adresse donc principalement
aux hommes et aux femmes qui renoncent à la vie laïque, elle ne
divinise pas le Bouddha et ne croit pas en l'intercession au moyen de
bodhisattva sauveurs.
Il faut néanmoins noter que dans les formes populaires de theravâda, au
Sri Lanka comme au Cambodge, le Bouddha est l'objet d'une vénération
proche de celle d'un dieu, il y a donc une distinction entre le culte
populaire et les spéculations monastiques.
La vie monastique induisant le détachement, des biens matériels comme
des êtres, cela a conduit à ce que la doctrine theravâda soit qualifiée
d'égoïste par les tenants de mahâyâna. Toutefois, ce n'est pas tout à
fait exact car cette doctrine prone l'amour universel envers toutes les
créatures.
L'obligation d'adopter le mode de vie monastique étant fort
contraignante et non accessible à tous, le theravâda fut qualifié de
hînayâna, ou « Petit Véhicule », par opposition au mahâyâna ou « Grand
Véhicule » où, grâce à l'intervention des bodhisattva, le salut est
également accessible au laïc.
La méditation theravâdin inclue deux pratiques : samatha bhavana et
vipassana bhavana.Samatha, le développement de la tranquilité, mène à
l'atteinte des Dhyanas, de profonds niveau de concentration. Elle vise
également le développement de la bienveillance, de la compassion, du
détachement. Ainsi, Metta est le développement d'un sentiement d'amour
détaché envers chaque être.Anapanasati est la concentration basée sur
la respiration. Anapasati est cependant parfois emplyé en vue de la
pratique de vipassana.
Vipassana bhavana, la pratique formelle d'une introspection, est
parfois décrite selon un ensemble de 18 contemplations, comme la
contemplation de l'impermanence. Elle mène à la réalisation de l'état
d'arahant
Selon le theravâda, le pratiquant peut atteindre quatre niveaux de
réalisation spirituelle : * Le sotapanna, premier des êtres nobles, ne
renaîtra plus dans les mondes infernaux. * Le sakadagamin renaîtra une
seule fois. * L'anagamin ne renaîtra plus que comme dieu, et atteindra
alors la nirvana. * Arahant : le pratiquant a atteint le but ; son
karma est épuisé.